vendredi 25 février 2011

Eclipse total


Fui luz y todo
Lo otro
Luz en la oscuridad
Y oscuridad sin luz alguna
Del eclipse total

Pensé que nunca más
Semejante negrura
Hubiera podido volver a brillar
De la más mínima manera
Del eclipse total

Pensé que sólo luz
Del eclipse total
Salí
Pensé salir
Cuando casi deslumbrada
De tanto sol
Al otro lado del mundo
Deslumbrada por el vivir, el bailar, el alcohol
Volví a chocar
Franqueé aquella puerta cegadora
Aquella puerta olvidada
De lo que es
Estar en el mundo
De lo que es

El eclipse total, no del alma
Sino del cuerpo puesto adentro del mundo
El eclipse total del choque de los cuerpos equivocados
De dos cuerpos ciegos
De alguna que otra ceguera melliza
– Camille Claudel: «Pido la libertad a gritos»
De alguna que otra ceguera de otra violación

El eclipse total del alma
Tempestad del cuerpo
De nuevo caído en el sueño
Del olvido de sí mismo

El eclipse total puesto adentro del cuerpo
Por todos sus huecos
El cuerpo despertado en su nuevo desgaste
El cuerpo despertado en su nuevo error
El cuerpo gastado en el último intento
Del renacer
Inconsciente
De su esencia propiamente
Corporal

Tentativa ciega
Olvidada de la realidad




Eclipse totale

J’ai été la lumière et tout
Le reste
La lumière dans l’obscurité
Et l’obscurité sans la moindre lumière
De l’éclipse totale

J’ai pensé que plus jamais
Une telle noirceur
N’aurait pu briller à nouveau
Ne serait-ce que de la façon infime
De l’éclipse totale

J’ai pensé que seulement la lumière
De l’éclipse totale
Je suis sortie
J’ai pensé que j’allais sortir
Quand presqu’éblouie
Par tant de soleil
A l’autre bout du monde
Eblouie par la vie, la danse, l’alcool
Je me suis cognée encore
J’ai franchi la porte aveuglante
La porte oubliée
De ce qu’est
Etre au monde
De ce qu’est

L’éclipse totale, non de l’âme
Mais du corps mis à l’intérieur du monde
L’éclipse totale du choc des corps erronés
De deux corps aveugles
De quelque aveuglement jumeau
– Camille Claudel : « Je réclame la liberté à grand cris »
De quelque aveuglement d’un autre viol

L’éclipse totale de l’âme
Tempête du corps
A nouveau tombé dans le rêve
De l’oubli de soi-même

L’éclipse totale mise à l’intérieur du monde
Par toutes ses trous
Le corps réveillé dans sa nouvelle démolition
Le corps réveillé dans sa nouvelle erreur
Le corps abîmé dans la dernière tentative
De renaissance
Inconsciente
De son essence proprement
Corporelle

Tentative aveugle
Oubliée du réel

jeudi 17 février 2011



Et les béquilles de verre se sont cassées
Et elle n’avait toujours pas de jambes
Et elle est tombée

Absolument



Y las muletillas de vidrio se rompieron
Y todavía no tenía piernas
Y se cayó

Absolutamente


jeudi 10 février 2011

Souillées


Ton ventre – Pétrifié
Toute la douleur – Du monde
Du ravage
De l’absence – De la chair de la mère
Disparue
Dans l’obscène – Menaçant et dégueulant
Qui violente
Fait le viol de la mémoire féminine
Inscrit et perpétré
Dans la chair vulnérable et immonde
Des enfants qui n’auront pas pu naître
Des petites filles souillées
Et oubliées




Ensuciadas

Tu panza – Petrificada
Todo el dolor – Del mundo
Del desgaste
De la ausencia – De la carne de la madre
Desaparecida
Dentro de lo obsceno – Amenazador y vomitador
Que violenta
Hace la violación de la memoria femenina
Inscrita y perpetrada
Dentro de la carne vulnerable e inmunda
De los niños que no habrán podido nacer
De la niñas ensuciadas
Y olvidadas

jeudi 3 février 2011

Sentir


Parece verano. Parece otra vida. Otro cuerpo.
El planeta gira sin que nadie se de casi cuenta.
Y sin embargo, cuando uno le da la vuelta al planeta,
ya empieza todo
a aparecer
de otra manera.
Fuerte.
Superando lo que es el propio ser. Como si, durante el tiempo del viaje,
la geografía superara la ontología – la física, el pensar.
Cuerpo. Ser cuerpo. Del otro lado del planeta.
Sentir como se llega a ser, como se lleva al ser.
Soy.
Acá. Soy.




Sentir

On dirait l’été. On dirait une autre vie. Un autre corps.
La planète tourne sans que personne ne s’en rende presque compte.
Et pourtant, quand on fait le tour du monde,
tout commence
à apparaître
différemment.
Fort.
Au-delà même de ce qu’est l'être. Comme si, pendant le temps du voyage,
la géographie pouvait dépasser l’ontologie – la physique, la pensée.
Corps. Etre corps. A l’autre bout du monde.
Sentir comme on arrive à être, comme on porte l’être
Je suis.
Ici. Je suis.