(2) COSIENDO
Navegamos
otra vez
Cuidando
De no
acercarse demasiado A los barquitos de los niños
Volviendo a la gran urbe
Con el
viento por delante
Cambiando
las velas de un lado para el otroCon el sol potentísimo
La piel rojiza del día anterior
Le daba la sensación
de volar a ella
Mientras
que él cuidaba de las velasHasta que
Se enredó
la cuerda
MalLa cuerda de la vela grande
La que se agarra del mástil
Dijo él que
nada
Que no
pasaba nadaElla no sabía
No podía saber
Pensaba
A solas
Le dijo a
él que se tomara todo el tiempo que hiciera falta
Sin saber
nada
Cortó la
cuerda con el cuchillo él
Para
arreglarla habría que coser otra cuerda
A la recién
cortada
Coser
Un hombreEn un barco
Nada que ver con la abuela de ella
Cortando y cosiéndole la ropa a su hijo
Un hombre, en un barco, cosiendo una cuerda con otra
¿Quién sabe
de barco?
¿De los
hombres de barco?Ella no sabía
Sólo andaba descubriendo el Nuevo Mundo
Sin tener que cruzarse el Atlántico sola
Esa vez
En el ombligo mismo
Del Mediterráneo
De a dos
Se fue al sueño
Le dejó a
él con la costura del navegarY otra vez fue acogida
A través del hombre que cosía cuerdas
Cuando el
estruendo
De la vela
de delante – la que va sin mástil El estruendo casi de terremoto
Desencadenado sin más por el viento y los roces
El
estruendo
El miedo –
de cuando no se sabeLa sonrisa de él
Pidiendo disculpas
Esquivando buques
Las toneladas de mercancía, el petróleo, el capitalismo
El vuelo de
él
De vuelta a
la gran urbeEl saludo al dedo mentiroso de la estatua de Colón
Señalando las Américas del Mediterráneo
Y la ducha
Con el tubo
de aguaEn el mismo muelle
Como le gustaba a él
Como le gustó a ella
Con él
Juntos
Entrando y
saliendo del barcoPisando el mar y la tierra
La vela y el mástil
La duda
Y la certeza
(2) COUDRE
On a navigué à nouveau
En faisant attention A ne pas s’approcher trop près
Des bateaux des enfants
De retour vers la grande ville
Avec le vent de face – au
près
Changeant les voiles d’un côté à l’autreAvec un soleil de plomb
La peau rougie de la veille
Elle avait l’impression de voler
Pendant qu’il s’occupait des voilesJusqu’à ce que
La corde s’est enroulée
Pas comme il aurait falluLa corde – drisse – de la grand-voile
Celle qui est accrochée au mât
Il a dit que ce n’était rien
Que tout allait bienElle ne savait pas
Elle ne pouvait pas savoir
Elle pensait
Dans son coin
Elle a dit qu’il pouvait prendre tout le temps qu’il lui
fallait
Elle ne savait pas
Il a coupé la corde –
la drisse – avec son couteau
Pour réparer il faudrait coudre une autre corde
A celle qui venait d’être coupée
Coudre
Un hommeSur un bateau
Rien à voir avec sa grand-mère
Qui coupait et cousait les vêtements de son fils
Un homme, sur un bateau, qui cousait une corde à une autre
Que sait-on des bateaux ?
Des hommes de bateau ?Elle ne savait pas
Elle était juste en train de découvrir le Nouveau Monde
Sans avoir à traverser l’Atlantique toute seule
Cette fois
Dans le nombril même
De la Méditerranée
D’être à deux
Elle est allée vers le sommeil
L’a laissé à la couture de la navigationEt à nouveau elle a été reçue
A travers l’homme qui recousait les cordes
Quand le fracas
De la voile avant – celle qui n’a pas de mâtUn fracas comme de tremblement de terre
Déchainé juste par le vent et les frottements
Le fracas
La peur – de quand on ne sait pasSon sourire à lui
S’excusant
Esquivant les paquebots
Les tonnes de marchandises, le pétrole, le capitalisme
Le vol
Le sien à luiDe retour à la grande ville
Saluant le doigt menteur de la statue de Colomb
Pointant les Amériques de la Méditerranée
Et la douche
Avec le tuyau d’arrosageSur le ponton
Comme il aimait
Comme elle a aimé
Avec lui
Tous les deux
Entrant et sortant du bateauSur la mer et sur la terre
La voile et le mât
Le doute
Et la certitude